Excavatrice chargée sur une remorque pour transport sécurisé.

Transport d’excavatrice : déplacer votre excavatrice en toute sécurité

Je me souviens encore de ce matin de novembre 2019, sur un chantier près de Toulouse. Mon équipe devait déplacer notre Caterpillar 320D vers un nouveau site, à 80 kilomètres de là. « Simple routine », me disais-je. Mais quand j’ai vu le chauffeur du semi-remorque tenter d’arrimer la machine avec des sangles de 5 tonnes sur une excavatrice de 22 tonnes, j’ai réalisé qu’on fonçait droit vers l’accident. Cette expérience m’a appris une leçon fondamentale : le transport d’excavatrice ne s’improvise jamais.

Après 9 ans à superviser des déplacements d’engins sur tous types de chantiers, je peux vous affirmer qu’une excavatrice mal transportée peut coûter bien plus cher qu’une excavatrice en panne. Entre les amendes, les dégâts matériels et les risques pour la sécurité, les enjeux sont colossaux. Aujourd’hui, je vais partager avec vous tout ce que j’ai appris sur le terrain pour transporter vos excavatrices en toute sécurité.

Choisir la remorque adaptée : la base de tout transport réussi

La première question que me posent souvent mes collègues, c’est : « Quelle remorque pour quelle excavatrice ? » La réponse n’est pas aussi évidente qu’il y paraît. Je vais vous donner les clés pour ne plus jamais vous tromper.

Les types de remorques et leurs limites

Pour une excavatrice de moins de 8 tonnes, une remorque standard de 19 tonnes de PTAC peut largement suffire. J’utilise souvent des plateaux de 8 mètres de long, qui offrent une excellente stabilité pour les mini-pelles et pelles compactes. Le modèle Faymonville STN-3AU que nous utilisons régulièrement sur nos chantiers toulousains a prouvé sa fiabilité avec notre flotte de Bobcat E85.

Mais attention, les choses se compliquent rapidement quand on passe aux excavatrices moyennes et lourdes. Une Liebherr A918 Compact de 18 tonnes nécessite impérativement un semi-remorque surbaissé de 40 tonnes minimum. Sur nos chantiers d’infrastructure, nous privilégions les modèles Goldhofer avec essieux directionnels, particulièrement pratiques dans les ronds-points serrés.

Calculer la charge utile : plus complexe qu’il n’y paraît

Voici un piège dans lequel tombent même des professionnels expérimentés : confondre le poids à vide de l’excavatrice avec son poids de transport. Une Caterpillar 336 affiche 36 tonnes en ordre de marche, mais avec le godet, les chenilles pleines de terre et un plein de carburant, elle peut atteindre 38,5 tonnes.

Ma règle d’or ? Toujours prévoir une marge de 10% sur le poids annoncé. Cette marge m’a sauvé plus d’une fois lors de contrôles routiers surprise. D’ailleurs, les réglementations européennes ADR sont très strictes sur ce point.

L’arrimage : l’art de la sécurisation parfaite

Arrimer une excavatrice, ce n’est pas seulement poser quelques sangles et espérer que ça tienne. C’est un véritable savoir-faire qui demande méthode et précision.

La méthode des quatre points d’ancrage

Sur le terrain, j’applique systématiquement la règle des quatre points d’ancrage minimum. Chaque point doit supporter au moins 0,5 fois le poids de la machine dans le sens longitudinal, et 1 fois le poids dans le sens transversal. Pour une excavatrice de 20 tonnes, cela signifie des sangles de 10 tonnes minimum par point, soit des sangles à cliquet de classe 5000 daN.

Je fixe toujours les sangles sur les points d’ancrage prévus par le constructeur : jamais sur les vérins hydrauliques ou les flexibles ! Sur une Volvo EC220E, par exemple, utilisez exclusivement les anneaux de levage situés sur le châssis supérieur et inférieur.

Les erreurs d’arrimage qui coûtent cher

L’an dernier, j’ai assisté à un accident évitable sur l’A62. Une excavatrice de 15 tonnes avait glissé de sa remorque à cause de cales mal positionnées. Le propriétaire avait économisé 200 euros sur des cales en acier certifiées, et s’est retrouvé avec 80 000 euros de dégâts.

Les cales doivent toujours être en contact sur toute la largeur des chenilles. J’utilise des cales Cordstrap en polyuréthane haute densité, qui épousent parfaitement la forme des patins sans les endommager. Un détail qui peut paraître anodin, mais qui fait toute la différence en cas de freinage d’urgence.

Respecter la réglementation : naviguer dans le labyrinthe administratif

La réglementation sur le transport d’engins évolue constamment, et franchement, ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Mais après quelques amendes salées en début de carrière, j’ai appris à ne jamais prendre de raccourcis.

Les autorisations de transport exceptionnel

Dès qu’on dépasse 2,55 mètres de largeur, 4 mètres de hauteur ou 16,5 mètres de longueur, c’est transport exceptionnel obligatoire. Pour une excavatrice sur chenilles de grande taille, on atteint facilement 3,20 mètres de largeur avec les protections latérales.

La demande d’autorisation doit être déposée au minimum 7 jours ouvrés avant le transport sur le portail de la Direction Générale des Infrastructures. N’oubliez pas le volet sécurité : véhicule pilote obligatoire au-delà de 3,50 mètres de largeur, et escorte de gendarmerie pour certains convois.

Les contrôles techniques spécifiques

Votre remorque doit impérativement être équipée d’un certificat de conformité CEMT ou d’un titre de transport. Les contrôleurs vérifient systématiquement la correspondance entre le PTAC autorisé et la charge réelle. Sur nos chantiers, nous utilisons des pesons électroniques Eilersen pour contrôler le poids sur chaque essieu avant le départ.

Les bonnes pratiques de conduite avec une charge lourde

Conduire avec 40 tonnes d’excavatrice sur la remorque, ça change complètement la donne. Les distances de freinage sont multipliées par trois, et la moindre inattention peut tourner au drame.

Adapter sa conduite aux conditions

En montagne, je réduis toujours ma vitesse de 20 km/h par rapport à la limitation. Les descentes sont particulièrement traîtres : le frein moteur devient votre meilleur allié, et n’hésitez jamais à utiliser le ralentisseur. Sur les chantiers alpins, nos chauffeurs suivent une formation spécifique dispensée par l’AFTRI pour la conduite en relief.

Par temps de pluie, la prudence doit être encore plus grande. Une excavatrice qui glisse sur sa remorque peut provoquer un effet de lacet incontrôlable. J’ai vu des professionnels expérimentés se retrouver dans le fossé pour avoir sous-estimé l’adhérence réduite.

La communication sur route

Sur autoroute, signalez votre convoi avec les gyrophares réglementaires et respectez scrupuleusement les créneaux horaires autorisés. Généralement, les transports exceptionnels ne peuvent circuler qu’entre 6h et 22h en semaine, avec des restrictions renforcées le week-end.

L’inspection avant et après transport : les vérifications indispensables

Chaque transport commence et se termine par une inspection minutieuse. C’est une habitude que j’ai prise après avoir découvert une fissure sur un châssis d’excavatrice suite à un transport mal préparé.

Le contrôle pré-transport

Vérifiez l’état des chenilles, des vérins et des circuits hydrauliques. Une fuite qui semble anodine peut s’aggraver avec les vibrations du transport. Contrôlez également le niveau de carburant : un réservoir plein ajoute du poids, mais un réservoir vide peut créer des problèmes de condensation.

L’état de la remorque mérite la même attention : pneumatiques, suspensions, système de freinage. Une défaillance technique en cours de route peut avoir des conséquences dramatiques.

Le contrôle post-transport

À l’arrivée, inspectez votre excavatrice sous tous les angles avant de la décharger. Recherchez les traces de frottement, les déformations ou les fuites apparues pendant le trajet. Cette inspection peut vous sauver des milliers d’euros en détectant précocement un problème.

Bien choisir son transporteur : l’investissement qui change tout

Après toutes ces années, j’ai appris qu’un bon transporteur vaut largement ses honoraires. Ne choisissez jamais uniquement sur le prix : une économie de 200 euros peut vous coûter 20 000 euros en cas de problème.

Vérifiez toujours que le transporteur possède une assurance responsabilité civile adaptée aux valeurs transportées. Pour une excavatrice de 200 000 euros, exigez une couverture minimum de 500 000 euros. Demandez également les certifications ISO 9001 et la licence de transport de marchandises.


Le transport d’excavatrice ne souffre aucune approximation. Chaque détail compte, de la sélection de la remorque jusqu’à l’inspection finale. Ces années d’expérience m’ont enseigné qu’il vaut mieux investir dans la sécurité que de prendre des risques inutiles.

N’oubliez jamais : votre excavatrice est l’outil central de votre activité. La traiter avec le respect qu’elle mérite pendant son transport, c’est s’assurer qu’elle sera prête à donner le meilleur d’elle-même sur le prochain chantier. Et franchement, dormir sereinement en sachant que votre matériel arrive à destination en parfait état, ça n’a pas de prix.

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